samedi 24 octobre 2009

LE SECRET DU ROND POINT D’ABOBO-GARE

Si vous êtes passé au moins une fois par le rond-point en face de la mairie d’Abobo entre six heures et midi, alors vous faites parti de ceux qui se demandent ce que font tous ces hommes debout au bord de l’autoroute.
Je me suis aussi inquiété la première fois que j’ai eu affaire à cette foule à la fois douteuse et « bizarre ». Apres à peu près une vingtaine d’années de vie à Port-Bouët, ma famille aménageait à Abobo. Abobo ! Commune qui à l’unanimité joui de la plus grande appréhension à Abidjan. La mienne (l’appréhension, bien sur !) a atteint son paroxysme quand j’ai croisé le regard mon ami, qui l’iris démesurément dilaté venait d’appendre la nouvelle du déménagement : « Mon Dieu ! Tu vas vivre à Abobo LA GUERRE !?! ».
Je ne vous laisse donc pas imaginer ce que j’ai ressenti quand j’ai vu ces hommes (avec quelque femmes nettement mais tout juste moins effrayantes) tous (…enfin, presque) avec des cigarettes dans la bouche, regroupés sur toute l’étendue du rond-point sous un soleil de plomb. Ils avaient tous en commun cet air patibulaire qui vous fait vérifier si vous avez toujours votre téléphone portable et votre portefeuille (vote bédou !!!).
Eh bien, il m’a fallut vivre un an ou deux à Abobo pour comprendre (plutôt croire, car je le savais déjà après un mois) que c’était des chauffeurs et apprentis des fameux « GBAKAS » qui se relayaient à cet endroit. Ce rond-point est donc une sorte de check-point où vous apercevrez, si vous arrivez à vaincre votre peur et vos préjugés, des apprentis courir et rattraper une portière en pleine course. Magnifique !
La prochaine fois que vous passerez par là, vérifiez bien que vous n’avez pas de monnaie à retirer avec l’apprenti de votre Gbaka, car ils n’ont ou ne se donne pas (de façon préméditée) le temps de faire les comptes avec celui qui les remplace ! Le nouveau pourrait vous dire (à votre détriment bien sur) quelque chose du genre « Mon vié, faut damer, il a fraya avec ton jeton ! Il a mis dans ta gorge ! ».
Ba Coulibaly, l’Abobolais.