mercredi 10 mars 2010

LE GNAGUA

LE GNAGUA
Quand un môgô chauffe ton cœur,
Rappelle toi que dindin-man n’a pas luck
Créé un discours pour le distraire
Et magua le dans son visage.

C’est dans gnagua on montre qui met loi au secteur
Si ya des môgô soiyés qui veulent séparer, tu les bloques
C’est dans maniérage on commence le bras de fer
Il faut lui montrer que c’est toi qui a plus la rage.

D’abord, frappe les jeux de jambes pour enjayer les pehi sœurs
Dans gnagua on supporte toujours le gars le plus choc
Après tu le pythons avant de le sagba pour le jeter à terre
Maintenant tu te pô sur lui pour lui montrer que vous n’avez pas même age.

Mais pardon faut sciencer car c’est juste pour lui faire peur
Tu dames sur lui quant tu vois que les môgôs se moquent
Mais si il décravate un kprass ou une machette en l’air
Faut fraya ! Si gbangban est trop va te gbré au village.

Ba Coulibaly

LES CHIEURS

LES CHIEURS

Vous qui chiez là, chiez seulement !
Dehors, ça tire sur les enfants des gens
Ya pas l’eau, ya pas courant.
Dans galère ya pas papa, ya pas maman
Avec ça toi tu chies aussi !

Vous qui chier là, continuez de chier !
Vous avez chié jusqu’à on peut pas ramasser
Ya des gens qui dorment sans manger
Kohoko va vous tuer.
Avec ça toi tu chies aussi !

Vous qui chier là, chiez en même temps deh !
Pays là, tu étais où quant on construisait
Un jour toi aussi tu marchais
Nous on donne pas voiture à go mais quand même on grè
Avec ça toi tu chies aussi !

Vous qui chiez là, vos cuis sont en l’air
On va déchirer vos anus de babière
Parce que ya des gens qui restent dignes dans la galère
Vos mères-cons ! D’ailleurs on va boire gbèlè si vous augmentez prix de bière
Avec ça toi tu chies aussi !

Ba Coulibaly

RODEO URBAIN !

Abobo Gare, Jeudi 14 janvier 2010, 21 h30. Après un bond en avant qui m’aurait octroyé la médaille d’or aux Jeux Olympiques, sans demander mon reste, j’ai enchaîné avec un sprint emprunté à Bolt. Un Gbaka venait de me frôler après d’étranges zigzags. Plus effarouché qu’essoufflé, je réalisai que cet engin déchaîné ouvrait un cortège métallique composé d’autres Gbakas, taxis, « Woro-Woro » et autres voitures. Les passagers étaient assis partout, sauf dans les véhicules. Semblable à une chorale bacchanale, nos chers amis hurlaient tout aussi fort que les klaxons des véhicules qui les transportaient (ou qu’ils transportaient !)
C’était la fin du monde !
Eh non, c’est pas la peine de dramatiser! Je venais juste d’assister à mon premier cortège nuptial à Abobo. Complètement décontenancé de me rendre compte que je ne savais pas tout de cette commune, j’ai réalisé plus tard que j’avais été le seul à être surpris par cette situation. Tout le monde sait que les jeudis soir sont comme ça à Abobo !
Le jeudi est un jour déterminant dans le mariage malinké. On aura le temps d’y revenir. Il faut seulement retenir que c’est en fin de journée ce jour là que le marié reçoit son épouse que sa famille et ses amis se doivent d’accompagner jusqu’à son domicile conjugal. Tout ceci se fait bien entendu dans la liesse et l’allégresse générale.
Lorsqu’ un chauffeur, mécanicien, « syndicat » (gérant de gare de chargement) ou apprenti se marie, c’est toute la communauté roulante qui se met en branle pour soutenir le frère de sang, le « bramôgô ». C’est l’occasion donc de se lâcher, de s’exprimer dans ce qu’on sait faire le mieux. Les chauffeurs au volant et les apprentis aux portières pour une démonstration de ce qu’on appelle ici le « PLAISIR ». Slaloms, tours et demi-tours à 180 ou 360°, passagers accrochés, hurlant et frappant la carrosserie de toute leur âme pour annoncer que « la Gomi du Vié Môgô est callée !» (La femme du grand frère est arrivée !)
Les profanes en expression culturelle vous diront que ce sont des drogués, sauvages et impolis, doublés d’une irresponsabilité meurtrièrement suicidaire. Souriez et ne répondez pas. Vous ne réussirez pas à les convaincre du contraire. Pensez juste aux fameux Cow-boys du Texas. A Abobo, les chevaux ont juste été remplacés par des véhicules. Mais le Rodéo reste le même, pur, libre et intense. C’est l’expression d’une classe d’individus appartenant à un milieu où on gagne sa place à l’œuvre, derrière le volant ou sur la selle.
Si vous trouvez toujours que c’est un comportement inadmissible, souvenez vous de l’arrêt de Alain, notre gardien de But à la CAN 92 au Sénégal et dite moi honnêtement si vous être resté calme, « civilisé » dans votre fauteuil. Non, vous avez certainement couru (sans vos chaussures !) renversé tout sur votre passage, pour échouer dans les bras d’un badaud à vous n’auriez jamais dit bonjour. Vous avez juste exprimé (comme les chauffeurs !) votre personnalité réelle, trop longtemps enfermée dans une ménagerie de rites sociaux de bienséance par soumission à une conventionnelle pression à la conformité.

Ba Coulibaly

LE GROS TROU

Abobo, une heure du matin, Novembre 2006. Un battement d’ailes brisa le silence lourd et inquiétant qui pesait sur une nuit à moitié cuite par la chaleur qu’elle dégageait. Un canard venait de prendre son envol. Derrière lui, un homme essoufflé, qui dans un élan de désespoir bondit après l’animal qu’il rattrapa au vol. Vainqueur éphémère d’une folle course, notre athlète, allait mourir dans la minute qui suivait. Le canard s’était envolé parce qu’il avait atteint le bord d’un précipice. Son poursuivant, Alasco, ne le savait pas. Il ne connaissait pas le quartier. Il avait accompli de façon majestueuse son dernier vol de poulet par un magnifique vol plané, le rebond parfait au basket-ball. Alasco venait d’accomplir son dernier « pécosse » au dessus de plus de vingt mètres de vide pour finir par confirmer la théorie de la gravité.
Les légendes entourant le gros trou foisonnent, allant des plus farfelues aux plus fantaisistes. Celle qu’il vaudrait mieux pour notre réputation à tous de retenir ici voudrait que cette fosse qui s’étend d’Abobo Plaque jusqu’au zoo d’Abidjan fut autrefois remplie d’eau. Le Gros trou serait donc le vestige d’un grand lac, qui s’il existait toujours serait certainement le plus grand et le plus profond de toute la Région des Lagunes.
Avouons toutefois que très peu d’Abobolais se soucient de savoir quelles sont les origines de leur Gros Trou. L’essentiel pour eux c’est qu’ils puissent continuer à y jeter leurs ordures ménagères, à y déféquer ou à y balancer au passage un voleur qui aurait eu la malchance de se faire prendre.
Je me souviens encore de ce que j’ai ressenti juste après le vertige à ma première balade vers le Gros Trou. On gagnerait tant à y créer des circuits de randonnée et des sites de pic niques. Qui sais, peut être y découvrirons nous des choses intéressantes.
Ba Coulibaly, l'Abobolais