mercredi 10 mars 2010

LE GROS TROU

Abobo, une heure du matin, Novembre 2006. Un battement d’ailes brisa le silence lourd et inquiétant qui pesait sur une nuit à moitié cuite par la chaleur qu’elle dégageait. Un canard venait de prendre son envol. Derrière lui, un homme essoufflé, qui dans un élan de désespoir bondit après l’animal qu’il rattrapa au vol. Vainqueur éphémère d’une folle course, notre athlète, allait mourir dans la minute qui suivait. Le canard s’était envolé parce qu’il avait atteint le bord d’un précipice. Son poursuivant, Alasco, ne le savait pas. Il ne connaissait pas le quartier. Il avait accompli de façon majestueuse son dernier vol de poulet par un magnifique vol plané, le rebond parfait au basket-ball. Alasco venait d’accomplir son dernier « pécosse » au dessus de plus de vingt mètres de vide pour finir par confirmer la théorie de la gravité.
Les légendes entourant le gros trou foisonnent, allant des plus farfelues aux plus fantaisistes. Celle qu’il vaudrait mieux pour notre réputation à tous de retenir ici voudrait que cette fosse qui s’étend d’Abobo Plaque jusqu’au zoo d’Abidjan fut autrefois remplie d’eau. Le Gros trou serait donc le vestige d’un grand lac, qui s’il existait toujours serait certainement le plus grand et le plus profond de toute la Région des Lagunes.
Avouons toutefois que très peu d’Abobolais se soucient de savoir quelles sont les origines de leur Gros Trou. L’essentiel pour eux c’est qu’ils puissent continuer à y jeter leurs ordures ménagères, à y déféquer ou à y balancer au passage un voleur qui aurait eu la malchance de se faire prendre.
Je me souviens encore de ce que j’ai ressenti juste après le vertige à ma première balade vers le Gros Trou. On gagnerait tant à y créer des circuits de randonnée et des sites de pic niques. Qui sais, peut être y découvrirons nous des choses intéressantes.
Ba Coulibaly, l'Abobolais

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